Inde. Mardi 15 avril.

Bien dormi. Malgré les bouchons d'oreilles, le muezzin me réveille à 5 heures. Udaipur est une ville plus propre que celles que nous avons vues jusqu'à maintenant, peut-être parce qu'il y a plus de touristes. Il y a peu de vaches. A noter qu'un peu partout, on voit des statues d'Ambedkar, principal rédacteur de la constitution de l'Inde et aussi (ce que KS ne nous dit pas), porte parole des Intouchables qu'il essaya de convertir en masse au bouddhisme, convaincu que l'Hindouisme était à la base du système des castes et que ce système ne pourrait donc que perdurer.

Route vers Pushkar, à 290 kilomètres. Usines de teinture de tissus, briqueteries en masse, crachant de la fumée de charbon bien noire. Toujours beaucoup de camions, toujours très décorés : pompons noirs contre les mauvais esprits, guirlandes de fleurs en plastique, dessins de dieux. On se demande parfois ce que le chauffeur voit à travers le pare-brise tellement il y a de choses.

Déjeuner dans un ancien palais, le Bijay Niwas Palace. A l'entrée, il y a un énorme manguier où pendent de gros sacs noirs qui m'évoquent des nids de guêpes. Malgré le panneau "No smoking", Jean-Claude 2 sort fumer avec sa femme. Ils reviennent bientôt, Renée a été piquée par une guêpe et celles-ci nous foncent dessus, attirées par la fumée. Le personnel nous fait rentrer précipitamment mais Alain, lui aussi, a été piqué, à la paupière droite. J'arrive à enlever l'aiguillon, bien accroché, et un serveur nous apporte du vinaigre blanc. KS n'a pas la moindre chose comme pharmacie, même pas un désinfectant quelconque. Nous sortons par l'arrière et le car nous reprend loin de l'arbre. Il faut quand même être un peu cinglé pour laisser de pareils nids de guêpes dans un hôtel !

Pushkar est une ville sacrée à cause de son lac, où les Hindous viennent en pèlerinage se purifier de leurs péchés, en se baignant ou en s'aspergeant. Il y a pas mal d'Européens aussi, installés là et habillés comme les Indiens. Il y a un beau temple sikh. Près des ghâts de purification, les photos sont interdites mais KS n'en a cure et nous autorise à prendre les femmes en train de s'asperger. Drôle de notion du respect religieux… Il y a des vaches, même au bord de l'eau, des pigeons, des singes. Nous avons une heure pour nous promener dans les petites rues mais il n'y a rien d'intéressant à acheter : on voit les mêmes jupes et les mêmes statuettes dans les boutiques de France. Je trouve tout de même une très petite boîte en bois de rose, 80 roupies, négociée à 50.

Pushkar est très, très sale, avec des champs d'ordures puant où grouillent vaches et cochons.

Quand nous repartons, KS nous sort une histoire nébuleuse et abracadabrante selon laquelle le 15 avril est son anniversaire "administratif", autrement dit la date indiquée sur son passeport parce que, dit-il, sa mère ne se souvenait pas de sa date de naissance exacte, ses sept frères et sœurs et lui étant tous nés au même moment de l'année ! Il n'a jamais parlé que d'un seul frère, et vu l'importance de l'horoscope pour les Indiens, son histoire est bizarre. Mais pour fêter ça, il nous offre l'apéritif dans la chambre de Cathy et Daniel.

A l'hôtel, les chambres sont des bungalows séparés, dans un grand jardin arrosé et verdoyant. Il y a des moustiques en veux-tu en voilà, mais les anti moustiques sont efficaces.

22h. KS est un salaud ! Il a saoulé Alia en rajoutant du whisky tant et plus dans son verre de coca, et en la poussant à finir son verre. J'étais un peu trop loin pour intervenir et comme personne n'a rien vu, à part moi, la pauvre fille a beaucoup trop bu. Au dîner, Christian et Pierre, que j'ai avertis, l'ont encadrée à table. KS lui a servi du vin, mais Christian a enlevé le verre. Comme elle avait la nausée, Christian l'a accompagnée aux toilettes puis est revenu m'alerter. J'y suis allée, elle avait vomi, bien sûr. Je l'ai raccompagnée à sa chambre, j'ai ouvert (elle ne trouvait pas la serrure !), mis la clé dans la serrure côté intérieur et lui ai recommandé de bien fermer. J'ai attendu d'entendre la clé tourner avant de retourner au restaurant.

En y arrivant, j'ai dit à KS qu'elle était malade et qu'elle allait dormir. Quelques minutes plus tard, plus de guide ! J'ai demandé à Cathy, dont la chambre était en face de celle d'Alia, d'aller voir sous un prétexte quelconque. Elle a compris aussitôt, a foncé, et trouvé KS en train de taper à la porte d'Alia et de lui demander d'ouvrir. En voyant Cathy, il a changé de ton et s'est contenté de répéter de l'appeler en cas de problème. Il harcèle Alia de ses avances depuis le début du voyage et il a inventé cette histoire d'anniversaire pour la faire boire et en profiter après ! Sale macho pourri ! J'ai prévenu tous ceux qui étaient à table à proximité de moi, on va veiller sur Alia. Si elle veut de lui, ça la regarde, mais elle prend sa décision en toute lucidité, pas sous l'effet de l'alcool !