Inde. Jeudi 17 avril.

Le Fort Amber est ouvert jusqu'à midi (il sera fermé ensuite à cause des élections, qui débutent aujourd'hui). Visite des palais successifs, après être montée jusqu'au Fort à dos d'éléphant avec Else : ni Eric ni Alain n'ayant envie de tenter l'expérience, nous y sommes allées toutes les deux. C'est plutôt inconfortable, surtout parce que nous sommes assisses perpendiculairement au sens de la marche. Mais comme c'est lent, ce n'est pas pénible, et plutôt drôle. A l'arrivée, nous n'avons que 80 roupies à donner au conducteur (déjà payé) mais il s'en contente.

Tous les murs sont recouverts de stuc local, une mixture de chaux, de sucre brun fermenté, d'œufs de poule concassés et pilés, de poils de chameau et d'autres choses encore. Les couleurs, bien que minérales et donc, selon KS, inaltérables, pâlissent pas mal et ne sont pas du tout entretenues, comme d'habitude.

Dans un des palais des femmes, strictement séparés les uns des autres pour les empêcher de conspirer contre le maharadjah (version KS), je trouve, à l'étage, une fresque pas trop abîmée que je photographie. Dieu seul sait ce que cela représente : un singe assis, une femme, peut-être poursuivie par un homme monté sur un drôle de lion blanc…

Les dessins sont grossiers et pas très beaux.

On redescend en jeep, qui secoue bien plus que l'éléphant. Sur la place, mendiants et vendeurs de bibelots sont au rendez-vous. On retourne au City Palace et nous restons dans le car pendant que KS emmène Alia voir rapidement l'observatoire. Puis nous avons droit à un tour en rickshaw. Heureusement qu'il n'y a pas de circulation ! Notre pédaleur a des cheveux blancs teints au henné, il souffle et peine. Peut-être qu'il en rajoute mais la sueur n'est pas feinte et nous lui donnons 200 roupies au lieu des 100 prévues).

Il y a une petite place où on vend des graines de toutes sortes pour les pigeons, blé, maïs, etc. Les gens paient et lancent le grain sur le sol pour ces oiseaux idiots qui abîment les monuments et qui sont tellement gavés qu'ils le mangent à peine. Et à trente mètres, de l'autre côté d'une porte monumentale, il y a une famille qui vit sur le trottoir, avec des gamins faméliques. C'est à pleurer ! Heureusement que nous parrainons des gosses depuis 25 ans, ça atténue un peu les scrupules. Mais que ce spectacle soit normal, que ces malheureux n'aient même pas l'idée de venir prendre quelques poignées du grain qui reste pendant la nuit, cette mentalité me révolte !

Passage dans une pseudo taillerie, où les gens travaillent au moment du passage des touristes, comme en Chine. Le vendeur nous montre des pierres brutes, soi disant, mais son émeraude ressemble à du jade vert foncé, pas du tout à une émeraude qui est un cristal, même brut. En plus, tout est hors de prix. Je me renseigne sur un petit Hanuman en santal : 450€ ! ! Il condescend à baisser à 400 mais je l'envoie promener. Renée achète une bague à 1400€, je pense qu'elle s'est fait avoir car l'émeraude n'est pas belle, mais c'est son problème.

Déjeuner au bord du lac. Pour une fois, il y a des petits pains, un peu briochés, qui changent agréablement du pain indien qui est bon quand il sort du four mais devient très vite caoutchouteux.

Dans la boutique du restaurant (il y en a toujours une), je trouve un petit Ganesh en laiton, 400 roupies (mais pas négociable). Michel en voulait un, ça me va très bien. Reste à trouver un Hanuman pour Valérie, et un souvenir pour nous. J'espère aussi trouver une petite boîte en marbre à Agra.

Il y a des hommes en dhotis, long ou court. Ceux qui le portent court, à la manière de Gandhi, ont l'air d'avoir des couches culottes ! C'est franchement laid, je trouve.

Nous passons deux heures dans un magasin de tapis, très beaux, en laine (1650€ en 4m x 3) ou en cachemire (2650, ou 1450 en 3m x 2). La boutique s'appelle Jaipur Mahal. A l'étage, tissus "typiques" avec dessins imprimés au tampon. C'est peut-être typique mais c'est laid : les dessins sont grossiers, mal placés, les couleurs fadasses. J'achèterais bien une nappe mais c'est trop moche.

Je note le nom de la marque de rhum, McDowells n°1. KS a promis de nous en vendre mais il semble qu'il attend le dernier moment pour être payé en euros. Il tombera sur un os ! Nous avons très peu d'euros et nous les gardons pour le Népal.

Magasin d'épices et de thé. J'ai tout ce qu'il me faut dans ce domaine et après m'être fait avoir avec le thé de Chine, je ne veux pas faire l'essai.

Visite du Temple de Vishnou de la famille Birla. Je respecte la dévotion des gens mais je ne la partage pas du tout et refuse de m'asseoir au milieu de ceux qui prient. En sortant, KS nous emmène jusqu'au temple voisin de Ganesh, achète une guirlande de fleurs et une boîte de gâteaux. Je reste au fond, comme au temple précédent, refusant de faire semblant de respecter une statue. Quand nous ressortons, KS passe la guirlande au cou d'Alia, pour la guérie (elle est toujours malade, ce qui n'a rien d'étonnant vu qu'elle ne fait absolument pas attention à ce qu'elle mange), puis nous fait passer la boîte de gâteaux : le prêtre en a pris un pour Ganesh (en plus de l'offrande de quelques billets) et a rendu la boîte, censée être consacrée. Je n'en prends pas, Alain non plus, pour la même raison : "Tu ne mangeras pas de mets consacrés aux idoles". Encore une fois, je respecte la dévotion des gens, pas l'objet de cette dévotion. Je n'arrive pas à savoir si, derrière cette idolâtrie, il y a une pensée religieuse cohérente et profonde.

Retour à l'hôtel vers 18h 30. Demain, départ à 9 heures seulement. Pour une fois, on ne sera pas pressé.

Nous passons devant le Marriott. Côté face, superbes jardins très utilisés pour des mariages. Côté pile, un terrain vague avec des tentes faites de bouts de plastique et qui abritent quelques dizaines de malheureux. C'est tout l'Inde, comme la nourriture aux pigeons ou aux vaches.