La rentrée ! !

C'est la rentrée, comme tous les ans, et très différente des autres.

Phénix va bien; elle a retrouvé un appétit normal, travaille sans souci à la grande satisfaction de son patron, et fait des projets d'achat d'appartement avec Tigrou. Tout baigne.

Caliméro est à Paris, stagiaire pour un an dans un journal, ravie, enchantée. Tout le monde est gentil, elle participe à des reportages, rédige des articles, prend des photos. Elle a trouvé, en 48 heures, un tout petit studio au 6^e étage sans ascenseur, au sommet d'un escalier si étroit que ses valises y passaient à peine. Mais elle est contente, indépendante, et prend même parfois conscience que la maison lui manque. Nous aussi, elle nous manque. Par exemple, elle prenait toujours la peine de venir me dire bonjour quand je rentrais du lycée et je trouve un peu dur de rentrer dans une maison vide, ou pire, sans que personne ne bouge, quand Bambi et Teddy sont là.

Teddy a repris, avec sa placidité habituelle. Un peu moins d'heures de cours cette année, mais des matières importantes et trois mois de stage à organiser.

Bambi a repris, aussi stressée qu'on pouvait s'y attendre. Elle a toujours mal au dos de temps en temps, mal à la cheville en quasi permanence (tendinite généralisée due à un défaut postural plantaire), et mal aux dents, il faudra prévoir de faire enlever ses deux dents de sagesse inférieures.

J'ai repris aussi, depuis mercredi dernier où j'ai retrouvé les collègues, inchangés, pessimistes et négatifs, pressés d'échanger des remarques caustiques et inconstructives sur la politique (lamentable et corrompue), l'éducation nationale (ridicule et radine), l'économie (tous des voleurs) etc. J'ai retrouvé aujourd'hui les élèves, toujours aussi indisciplinés, incapables de respecter un règlement, incapables de se taire ou, au minimum, de parler à voix basse, ignorant souverainement mes tentatives répétées d'obtenir un semblant de silence. Et notre chère et bien-aimée administration ! Nous avons fait une demande pour un petit meuble-placard pour installer l'imprimante du CDI. Monsieur le chef des travaux, auquel je demandais où en étaient les choses, me répond qu'à ce sujet, il "souhaite nous rencontrer et faire une analyse avec nous" ! Croit-il que nous réclamons ce meuble juste pour la décoration ? Idem pour les appareils en panne qui s'entassent dans notre placard, là aussi, il faut "analyser la situation". Le magasinier part en retraite dans deux mois, non remplacé. Les rendez-vous que je dois prendre pour la Newsletter que je suis chargée de mettre en place se déplacent plus vite que je ne les prends…

Sans oublier la surveillance, qui continue à prendre le CDI pour un "dépotoir" et nous envoie les élèves dont le prof est absent, ou les élèves en retard, ou une classe quelconque parce que ça les arrange ! Le CDI est une salle de permanence et les profs-docs ne sont que des surveillantes. Bien la peine d'avoir un CAPES !

Bref, plus ça change, plus c'est la même chose, ce qui n'a rien d'étonnant. Le problème, c'est que c'est ma dernière année : l'Homme prend sa retraite et comme mon travail ne m'intéresse pas, je vais arrêter à la fin de l'année scolaire (personne ne le sait encore, chut !). Financièrement, ce sera un peu délicat mais on s'arrangera avec ce qu'on aura.

Donc c'est ma dernière année. Et la motivation me fait complètement défaut, à un point que je n'imaginais pas avant d'avoir revu des élèves. A l'idée de les subir tous pendant un an, je me sens au bord de la crise de nerf ! Recommencer, tous les jours, les séances de gardiennage de gamins bruyants et braillards, subir leur vacarme incessant, passer des heures sur un travail qui devrait prendre 20 minutes simplement parce qu'il y a trop de bruit pour pouvoir se concentrer…

Je sens que ça va être très dur !